La lettre que nous avons adressée aux élus gersois.
Madame, Monsieur,
Depuis la création de notre Comité, nous nous sommes efforcés d’agir et d’attirer l’attention de tous, usagers, personnels médicaux et élus à chaque fois qu’une décision politique, administrative, technique nous semblait présenter un danger pour la qualité ou la capacité de soins des institutions de santé du département.
Nous sommes allés à la rencontre de la population lors de débats publics à Auch, Lectoure, Lombez, Condom, Mauvezin, Nogaro, Fleurance, Mirande pour expliquer le caractère essentiellement régressif de la loi « Bachelot ».
Lorsque la direction du CHG d’Auch a voulu instaurer, avec la bénédiction de la tutelle de l’époque, une taxe spéciale pour l’usage de la chambre individuelle nous avons organisé une campagne de sensibilisation qui a débouché sur une grande mobilisation de la population qui a conduit au retrait pur et simple du projet par le Président du Conseil d’Administration, Maire d’Auch.
Nous avons organisé une mobilisation importante à Condom pour nous opposer à la privatisation de l’EHPAD municipal de la Ténarèze, pour le maintien du service des urgences au centre hospitalier et pour l’obtention de crédits de rénovation de son EHPAD.
Il a fallu nos multiples interventions tant auprès du Préfet que du directeur de l’ARS alertant sur l’état indigne de l’EHPAD pour que Monsieur Chastel daigne enfin se déplacer, en grande discrétion il est vrai, et constate la véracité de nos dires et qu’enfin… il s’indigne !
Nos courriers sont restés sans réponse….mais il a annulé tous les projets de modernisation pour lesquels plus de 2 millions d’euros ont déjà été dépensés !
A l’occasion des vœux du Centre Hospitalier le directeur, principal porteur de ces projets, a annoncé son départ imminent à la retraite et Madame la Députée a renouvelé toute sa confiance à Monsieur Chastel !
Avant même la mise en œuvre de la loi Bachelot à Lectoure et Fleurance nous avons rencontré les élus qui, pensant protéger leurs établissements, prenaient les devants, avant même la promulgation de la loi, en organisant la fusion des hôpitaux locaux de leur commune.
Nous leur avons dit alors que le remède serait pire que le mal. Ce qui se confirme aujourd’hui. Ils n’ont pas souhaité s’appuyer sur une mobilisation citoyenne, la capacité de soin de leurs communes est considérablement amoindrie aujourd’hui !
A Mauvezin l’intervention massive de la population avec notre Comité, le Conseiller Général du Canton, le Maire a permis, en se battant pieds à pieds, de faire reculer l’ARS, son directeur et son projet de suppression des lits de médecine à l’hôpital local. C’est pieds à pieds que nous sauverons le service de médecine de l’hôpital de Mauvezin.
Dans le même temps il n’y a plus de service de médecine Vic-Fezensac, Lectoure, Mirande et Nogaro !
Si nous nous adressons à vous aujourd’hui, élues, élus du Gers, c’est que nous avons le sentiment que la défense du service public de la santé doit prendre une autre dimension, exige un autre niveau d’intervention.
Depuis sa prise de fonction X. Chastel directeur de l’Agence Régionale de la Santé, nouvelle tutelle instaurée par la loi « Bachelot », multiplie les décisions arbitraires qui vont toutes dans le même sens : le démantèlement de l’organisation du service public de santé dans le département.
Quelques exemples :
- Il a confirmé la suppression des lits de médecines dans les hôpitaux de Vic-Fezensac, Lectoure, Mirande, Nogaro, Mauvezin.
- Il a réaffirmé le gel de tous les travaux de modernisation et d’humanisation étudiés depuis des années : Nouveaux bâtiments à Lectoure, les EHPAD de Condom et d’Auch, les lits de moyens séjours et la réfection des chambres à Auch. Il a rejeté des projets de nouveaux services ou d’augmentation d’activité de services existants tels que l’ouverture de lits d’Alzheimer et de service des soins à domicile à Mirande.
- Il a confirmé qu’il n’y aura pas de financements supplémentaires pour répondre aux besoins et améliorer le fonctionnement des hôpitaux. Il a exigé des directeurs, des médecins de rechercher en interne les moyens financiers indispensables. Cette injonction entrainera la réduction d’activité de services, la suppression de poste de soignants, le non remplacement des personnels en congés maladie ou de formation. Notons que les médecins et infirmiers qui quittent l’hôpital d’Auch ne sont déjà plus remplacés.
- Il a réaffirmé sa volonté d’accélérer les fusions-absorptions des hôpitaux locaux au sein d’un établissement départemental : le CHG d’Auch. Il a d’ailleurs condamné la fusion Lombez-Gimont qui, à ses yeux, ne va pas dans le sens qu’il souhaite ! Il entend ainsi dépouiller les hôpitaux locaux, transformés en EHPAD ou SSR, des moyens en personnels qualifiés, au détriment de la qualité des prises en charges.
- X. Chastel, dans la logique de la loi Bachelot, de marchandisation de la santé, il entend favoriser le secteur privé et a exigé l’élaboration d’un projet médical commun de l’hôpital d’Auch avec la clinique Carlier en vue de confier à la clinique privée les activités de chirurgie osseuse, d’orthopédie. Les plus rentables du point de vue des financements de la sécurité sociales !
- Lors de sa visite à Auch, X. Chastel a encouragé le directeur dans la mise en place en février prochain, d’une taxe de 42 € par jour pour les malades hospitalisés en chambre individuelle.
Nous ne comprenons d’ailleurs pas pourquoi lors du conseil de surveillance de l’hôpital lorsque cette question a été évoquée par les représentants CGT du personnel, les élus et les représentants des usagers (mutualistes et accidentés du travail) ne se soient pas opposés avec fermeté contre cette taxe et n’en aient pas appelé à la l’intervention des usagers. Il leur suffisait de s’appuyer sur les milliers d’usagers qui en 2005 se sont opposés à cette taxe et comme rappelé plus haut sur la position du Maire d’Auch qui en 2007 refusait que cette taxe soit mise en place.
Aujourd’hui nous nous interrogeons quant au crédit à accorder aux intentions et postures politiques sur des questions de santé comme la télémédecine, la prévention, les personnes âgées, le PER de la santé, alors que les porteurs de ces projets assistent passivement, accompagnent dans certains cas la casse du maillage de notre service hospitalier.
Ce n’est pas comme à Mirande en laissant croire malhonnêtement qu’il n’y aurait pas de différence entre des lits de médecine et des lits de SSR ou à Vic où l’on se réjouit lâchement de l’ouverture de lits de SSR qui n’ont jamais été menacés et que l’on masque délibérément la suppression des lits de médecine que l’on aidera au maintien de la capacité de soins de notre département.
Les coups annoncés sont rudes et rudes seront les conséquences pour la population du Département. A noter d’ailleurs que dans aucune des décisions annoncées il n’est fait mention des besoins de la population et des conditions réelles concrètes de l’accès aux soins pour les gersois ni des conditions d’exercice de leur profession par les personnels !
Il n’est plus possible d’entretenir des illusions qui masquent le caractère néfaste de l’action de l’ARS et de son directeur en application de la loi Bachelot.
La Conférence de Territoire de Santé ne peut rester silencieuse face à ces attaques et laisser faire, elle doit se prononcer contre les mesures de fermeture et constituer ainsi un véritable « rempart » pour la défense du service public de la santé. Elle en a les moyens ! Elle doit en particulier refuser de « raisonner » en termes « d’offre de soins », ce qui relève de la logique commerciale, et initier une procédure d’évaluation des besoins sanitaires par la constitution d’un observatoire départemental d’épidémiologie, seul outil susceptible de déterminer au présent et au futur les moyens à mettre en œuvre pour garantir l’accès de tous à des soins de qualité. C’est aussi le moyen de mobiliser les compétences médicales et de rendre « attractif » le département grâce à un vrai projet de santé.
Nous avons décidé d’engager une vaste campagne d’information, de sensibilisation et de mobilisation des usagers, pour défendre nos hôpitaux, pour exiger des moyens afin que soit améliorées les conditions de prise en charge des malades et d’améliorer les conditions de travail dans les hôpitaux.
Nous vous invitons à vous joindre sans attendre à cette mobilisation et à y contribuer en gardant en mémoire le fait que lorsque comme à Mauvezin la population et ses élus le corps médical, les personnels se mobilisent le service de médecine est préservé.
Nous devons ne rien lâcher !
Les décisions finales ne seront prises qu’à la fin février 2011. Il est encore possible de faire reculer l’ARS et sauver les lits de médecine partout !
Comment peut-on imaginer transformer les hôpitaux locaux en EHPAD sans service de médecine ?
La population des EHPAD est celle qui a le plus besoin de ces lits ! Les anciens devront-ils se rendre à Auch, Agen, Mont de Marsan ou Tarbes pour recevoir des soins médicaux ? Qui peut raisonnablement imaginer cela ? C’est pourtant le sens profond de ce qui se dessine ici.
« On » ne peut pas parler de la vitalisation nécessaire, indispensable du « territoire » départemental et laisser filer le dispositif de santé dans un appauvrissement sans précédent. Si l’hôpital, en particulier, est un des éléments essentiels du « bien vivre ensemble » c’est aussi un agent important de la vie économique, par les emplois qu’il induit, et un facteur de la dynamique territoriale.
Nous appelons l’ensemble des élus du Département à prendre toutes les initiatives qu’ils jugeront utiles pour protéger et moderniser notre appareil de santé. La mise en place des maisons de santé, largement financées par les fonds publics pour nécessaires qu’elles soient ne constitue qu’une réponse très partielle au défi qui nous est posé.
Il faut aller plus loin et organiser une mobilisation citoyenne à la hauteur des enjeux.
Nous sommes déterminés à contribuer à cette mobilisation.
Dans cette perspective nous organisons le vendredi 18 février 2011 à 20h30 salle du Mouzon à Auch une réunion publique à laquelle nous vous invitons à participer.
Dans l’attente de vous rencontrer, recevez Madame Monsieur, l’expression de nos salutations déterminées.
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